L’Histoire de la commune

Un peu d’histoire :

Le département du LOT et celui du TARN-et-GARONNE ont été formés de la province qui portait jadis, avant 1789, le nom de Quercy.

Ce nom, que l’on a voulu faire dériver des chênes (quercus) dont le pays était autrefois couvert, vient des cadurcis, le peuple gaulois qui occupait cette contrée avant l’invasion romaine.

C’est le 4 mars 1789, en application de la loi de décembre 1789, que le département du Lot a été créé à la révolution française, à partir de la province du Quercy, qui faisait partie du gouvernement de Guyenne.

Il était alors, beaucoup plus étendu qu’aujourd’hui vers le sud, incluant la ville de Montauban; il fut ampté d’environ d’un quart de sa superficie au moment de la création du département de Tarn-et-Garonne en 1808 par la décision de Napoléon 1er.

De 1790 à 1801, les cantons redécoupent le France selon un maillage qui se veut d’une absolue régularité et uniformité pour mettre fin aux multitudes de statuts particuliers de l’ancien régime.

Le canton est la première circonscription au-dessus de la commune, mais surtout, il est du ressort du juge de paix à cette époque, avant de connaître sous le Directoire, son heure de gloire, qui en fait des municipalités de plein exercice chargées de gérer les communes de leur territoire.

De 1081 à 1960, restructuration des cantons, mis en place par Napoléon, qui à la serpe découpe les cantons , passant de 4600 à 3066, et les prives de leurs pouvoirs municipaux.
La carte cantonale ne bougera quasiment pas jusqu’à la deuxième moitié du XX siècle, et ancre le canton de la réalité,particulièrement dans les campagnes où le chef-lieu de canton devient la petite capitale avec sa poste,son tribunal d’instance, sa gendarmerie et son marché (Cahors).

Vue générale de Labastide-du-Vert
Quartier de l’église de Labastide-du-Vert
Rue principale de Labastide-du-Vert

Aujourd’hui, difficile d’imaginer le Département du Lot vide de constructions et de cultures.Pourtant, c’était les cas à la fin du 1er millénaire.
Il existait alors des grandes villes comme Toulouse et Bordeaux, d’autres plus modestes comme Cahors et Figeac, mais la plupart de la région était recouverte de forêts inhabitées.

Au X siècle, l’église créa des lieux de cultes, riche époque pour les abbayes. C’est ainsi, qu’après les troubles engendrés par les croisades contre le cathare, un certain nombre de villages virent le jour. On les appela « Bastida »ou »Villa nova », c’est à dire bastide ou village neuf. Ainsi, 400 bastides furent édifiées dans le sud-ouest, dont 200 dans l’ancienne région Midi-Pyrénées.

Entre 1236 et 1316, une douzaine de bastides ont été fondées dans le Lot, le territoire fait alors l’objet de nombreuses convoitises de la part des différents pouvoirs qui se succéderont à la tête des nombreux fiefs selon les périodes (Castelfranc, Montcabrier, Labastide du vert….).

Elles seront implantées pour la plupart entre la Dordogne et le Lot.Nous devons entre autre, ces constructions aux rois Philippe Le Bel et Phillipe Le Hardi.

En fait, il s’agissait pour les rois d’élargir leurs revenus et de peupler leur domaines et ainsi de s’assurer des places fortes dans tout le royaume.

Le cardinal de Grosselin, neveu de Jean XXII fonda un couvent sur les hauteurs de Labastide du vert. A cette époque reculée, la vallée ne possédait que peu d’habitants.Sur les coteaux s’élevait jadis l’habitation imposante de Bertrand, chevalier de Cahors.

Selon toute apparence, il est permis de croire que Marquayrol devait être considéré comme la demeure seigneuriale.

Il est bon de savoir que jadis, en 1469, le Baron de Luzech était le possesseur de forges à Labastide du vert, dans les vallées de la Thèze et de la Lémance dont il vendait à un donzel du Gourdonnais 125 quintaux de fer brut ; transactions faites des productions des moulines au XV siècle, soit en tiges (vergas) ou soit en plaques(cayrats sive platas).

En effet les moulines à fer chômaient quatre à six mois par an,pouvant être utilisés pour faire du charbon de bois ou extraire du minerai. Le personnel de ces moulines, gardaient le secret transmis de père en fils, tout en s’intégrant dans la vie rurale. Les ferriers travaillaient les champs et les vignes à proximité des forges et des minières.

La plupart des autres moulines produisaient également de la farine, mais les meuniers étaient soumis à une patente plus élevée que les autres, sous prétexte qu’avec leurs tournées quotidiennes, ils usaient les routes.

Mais, pour en revenir au département du Lot, les trois quarts de la population vit de l’agriculture (champ de seigle ou de sarrasin), de châtaigneraie, noyers, pruniers, des cerisiers, des pêchers, quelques mûriers et des vignobles.

Notre commune de Labastide du vert est longée au nord par celle de Pontcirq et des Junies, à l’est par celle de St Médard,au sud par celle de Luzech et à l’ouest Castelfranc, pour une superficie 1020 Hectares dont la plus grande partie comprend des collines couvertes de vignobles et par de nombreux arbres fruitiers.

A la fin du XIX siècle, on comptait 280000 hectares, sur l’ensemble des environs de terres labourées(froment,seigle,avoine,tabac ressource considérable de Labastide-du-vert pour l’époque).

En plus des productions agricoles, l’élevage de porcins, bovins et moutons restent la seconde production (lait,laine). Il faut savoir que les propriétaires les plus sérieux possédaient leurs propres bois, mais avant tout leurs vignes et leurs fermages.

En 1870, le travail de la vigne était payé 1,20 franc la journée. La récolte du tabac était également très étendue et nécessitait la délivrance d’un permis, aidant à l’installation de l’autorité des élus et de l’administration.

En 1880, la commune de Labastide du vert comptait 685 habitants répartis en 3 villages ou hameaux.Dans le bourg, 117 maisons et 453 habitants, Sals,33 bâtisses pour 129 habitants, 42 habitants au Mas d’ausse et 61 répartis dans le reste de la commune.Comme il a été dit plus haut, la population viticole jouissait d’une grande aisance, le plus étonnant un grand nombre d’artisans dans la commune.

En 1872, 1 boulanger, 2 bouchers, 3 épiciers, 3 aubergistes, 3 cafetiers, 3 menuisiers, 1 forgeron, 1 serrurier, 2 tisserands, 4 tailleurs, 3 cordonniers, 4 sabotiers, 16 tonneliers, 3 meuniers,3 charpentiers,6 maçons,1 cantonnier, 1 médecin, 1 pharmacien et 1 sage femme.

Mais si toutefois, la commune jouissait d’une grande aisance,c’est avant tout grâce aux sols qui convenaient à la vigne, et dont les crus de « Marquayrol » et de « Sals » en faisaient la renommée;(8000 hectolitres de récoltes).
Selon les souvenirs , certains propriétaires faisaient bouillir leurs vins pour lui donner plus de couleur et en faire ainsi un gros vin de coupage expédié à Bordeaux.

Les femmes contribuaient aux travaux des champs en plus des travaux domestiques et de s’occuper des enfants.Elles triaient les cerneaux de noix après le dénoisillage.

Le dénoisillage
Trieuses de cerneaux de noix

Mais, il ne faut pas oublier, qu’au XIX siècle,peu des membres de la population fréquentaient l’école, et qu’elle favorisa les garçons au détriment des filles jusqu’en 1900.Celles qui avaient accès à l’enseignement étaient préparées à leur rôle de mère ,de femme,et d’épouse.

En 1872, le phylloxéra fit un ravage épouvantable, et 1/3 des vignes furent touchées et perdues. La récolte des céréales étaient insuffisante, presque nulle, celle des pommes de terre, une petite quantité, mais aussi du tabac, le maïs,des truffes, mais pas de chanvre et de lin.
Mais notre commune s’est relevée et à continuer, malgré certains hivers rudes.

L’évolution économique et commerciale reste l’objectif fixé par les administrations, malgré les déboires.
Les modes de communications évoluent aussi, le télégraphe se répand dans les années 1870-1880, et le téléphone apparaît.
Les facteurs distribuent le courriers quotidiennement dans les grandes villes comme dans les campagnes.

Le département du Lot va connaître un essor considérable avec l’arrivée du train, qui s’affirme comme un moyen de transport efficace pour facilité les échanges commerciaux, qui s’effectuaient ordinairement en charrette tirées par des chevaux ou bien des bœufs.

On peut constater que Labastide du vert était autrefois une caractéristique de la région du Lot,car ses maisons en pierre similaire, construites au XIXsiècle, font aujourd’hui l’objet d’âpre spéculation de la part d’étrangers fortunés.

La couleur du calcaire, la taille originale des pierres, l’agencement intérieur étaient fait selon les besoins des hommes et l’art des bâtisseurs.

La chapelle dans le cimetière : transept nord et porte de l’ancienne église

En effet, la cheminée est le cœur du foyer : c’est le Cantou, autrefois vaste et profonde, elle permettait aux Bastidains de profiter en s’y installant sur les deux côtés, sur un banc (banc de l’aeuil) et de l’autre sur le coffre de sel (archabän).
Selon le souvenir des anciens, le feu brûlait en continu avec suspendu au-dessus une marmite où mijotait longuement le tourin, spécialité Lotoise.

Au début du XX siècle, les commerces étaient encore présents dans notre commune, malgré l’évolution industrielle.

En effet, l’école des garçons était située à la place de l’école maternelle actuelle et celle des filles près du café -tabac que nous connaissons. A la place de la mairie, un café, et près de celui-ci la forge ( local actuel pour les outils de cantonnier) ou les chevaux étaient ferrés et non loin de là, toujours visible l’atelier de travail des bœufs.

Le ferrage
Le ferrage

Deux commerces ambulants ,un boucher et un charcutier passaient deux fois la semaine.
En fait, après la guerre de 1914, il y avait moins d’artisans, il n’y avait plus qu’un cordonnier situé près de l’église, une épicerie « la poujade »,où on pouvait y trouver des lentilles, des haricots ou pois chiches dans des grands sacs de jute, des fruits, du sucre vendu dans un sac papier jaune.

Rare, était ceux qui possédaient une automobile, mais à l’épicerie, il pouvait y acheter des bidons d’essence de 5 litres, copiés sur les bidons de pétrole que l’on employait pour l’éclairage à l’époque.

Il faisait aussi office de bureau de tabac, celui-ci pesait le tabac sur une balance pour 2 sous, qu’on faisait glisser dans la blague à tabac où l’on range également le papier à cigarettes et le briquet à étoupe. On y trouvait même des boîtes de conserves qui apparurent fin du XIX siècle.

Atelier d’Henri Martin

Un restaurant – hotel « tauriac », une boulangerie, et un menuisier situé dans les hauteurs de la Bastide,
près de l’ancien domaine Marquayrol, qui est devenu comme nous le savons l’atelier de Henri Martin,
célèbre peintre post-impressionniste décédé à Labastide du vert en 1943, amoureux de notre commune, qui nous a laissé par ses œuvres un bout de notre histoire.

Mais, n’oublions pas que si à cette époque le forgeron était au cœur du bourg, le meunier, lui vivait à l’écart, car il avait besoin d’eau ou de vent pour le moulin. Aujourd’hui aucun des anciens moulins ou moulines ne fonctionnent.
Pourtant autrefois, la vie quotidienne n’était pas rythmée que par les travaux agricoles, il fallait aussi prévoir de se rendre sur les foires et les marchés à Catus, car ils tenaient une place importante, pour les paysans agriculteurs.
En effet, c’était le point de rendez-vous pour eux, pour vendre les bœufs, les chevaux,volailles ou porcins et d’y faire des affaires.

Ils se rencontraient tous les dimanches sur la place, actuellement où se trouve la salle des fêtes pour jouer aux quilles, tandis que les femmes pouvaient si elles le voulaient se promener dans le beau jardin clôturé avec des pommiers,actuellement place du monument aux morts.
Derrière, se trouvait un pré en contre bas près du ruisseau le « Vert ».

Avant l’arrivée du confort moderne domestique et l’industrialisation agricole, les bastidaines se rendaient au lavoir, (visible à l’entrée du village à droite en venant de Cahors),
c’était le point de rendez-vous, où les femmes pouvaient discuter, après avoir fait bouillir au préalable le linge dans la lessiveuse, elles venaient rincer leurs linges ou encore au ruisseau.

Le lavoir
Portrait de Claude de Malleville

Pour finir, les familles anciennes de Labastide du vert, De Malleville, poête et père du célèbre auteur du quercy, famille La Tour d’Affaure,dont un membre fut tué en voulant sauvé la vie de Henri IV, lors du siège de Cahors en 1580.

Arrivant au terme de ce court voyage dans le passé,et certes incomplet comme le jugeront certains, l’hommage est rendu à ceux qui nous ont précédés, mais à ceux également qui peuvent encore nous raconter en œuvrant dans leurs souvenirs, leurs mémoires.

Quelques photos :

Cabane dans un cayrou ou perrier de 1974 en pierre sèche
Sortie de messe
Vue ouest avec le cachet le Quercy à la foire